Au carrefour de l’Afrique, de la Grèce et de l’Italie, la cathédrale de Monreale domine la Conque d’Or et la ville de Palerme. De loin, ses volumes pleins, flanqués de deux tours, évoquent une abbaye romano-normande. De près, son décor d’arcatures qui se chevauchent, d’étoiles et de rosaces en opus sectile fait hésiter entre un palais arabe et une église romaine. A l’intérieur, ses mosaïques nous plongent dans la gloire de Byzance. Avec l’esprit de synthèse, la vigueur et la souplesse qui caractérisent les rois normands de Sicile, Guillaume II unit dans cette cathédrale, construite en 1172, toutes les splendeurs des civilisations qui se succédèrent sur l’île pour magnifier la royauté divine.
Guillaume II signa la fin du royaume normand de Sicile en faisant alliance avec Frédéric Barberousse, dans l'espoir de conquérir Byzance, mais son rêve lui survécut dans sa cathédrale, qui incarne la plus grande tentative d’unité jamais réalisée entre cultures du bassin méditerranéen, chrétientés d’Orient et d’Occident.
Originaire de Normandie, Guy de Maupassant ne pouvait qu'être sensible à cet art. De son cloître, il écrivait qu’il « jette dans l’esprit une telle sensation de grâce qu’on y voudrait rester presque indéfiniment ».
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